PRÉ-REQUIS : Chaleur sensible & chaleur latente -
Énergie, Puissance & Rendement - Loi d'eau
Rappel : Toutes les chaudières à combustibles ont besoin d'Oxygène (O2) pour brûler leur combustible, généralement à base de Carbone (C) et d'Hydrogène.
Ainsi, on retrouve dans les fumées de combustion principalement du dioxyde de carbone (CO2) et de l'eau (H2O) sous forme de vapeur.
Dans les anciennes chaudières, on ne voulait surtout pas que cette vapeur d'eau se condense et repasse à l'état liquide. Cela pouvait être corrosif et ronger le corps de chauffe de la chaudière.
Aujourd'hui, il existe des matériaux inoxydables capables de résister à cette corrosion. On peut alors refroidir davantage les fumées, jusqu'à faire condenser la vapeur d'eau.
Cela a le double avantage :
- de récupérer plus de chaleur sensible dans les fumées,
celles-ci s'échappant à plus basse température,
- et de récupérer la chaleur latente restituée par le passage de l'eau
de l'état vapeur à l'état liquide.
Sur les chaudières fioul, les fabricants rajoutent généralement un condenseur inox après la sortie du corps de chauffe acier ou fonte. Les fumées sortent chaudes du corps de chauffe, l'eau repassant à l'état liquide uniquement dans ce condenseur.
Chaudière à récupérateur-condenseur séparé
Dans la plupart des chaudières à condensation gaz dernière génération, la condensation a lieu dans le corps de chauffe réalisé entièrement en matériau inoxydable.
Chaudière à récupérateur-condenseur intégré
( Chaudière murale condensation gaz à prémélange )
Aucune chaudière ne restitue toute la chaleur de la flamme à l'eau de chauffage. Il y a toujours des pertes, qui sont variables en fonction de l'efficacité de la chaudière.
Longtemps, on a considéré que ces pertes se limitaient à de la chaleur sensible, et on a ignoré les pertes de chaleur contenues dans la vapeur d'eau sous forme de chaleur latente.
Du coup, on a pris la mauvaise habitude de calculer la puissance de la flamme sans tenir compte de cette chaleur latente qu'elle fournissait à l'eau, donc de "MINIMISER" cette puissance par rapport à la réalité scientifique.
A partir de cette puissance de flamme minimisée, on en a déduit le Pouvoir Calorifique Inférieur ( P C I ), quantité de chaleur maximale que peut fournir 1 kg de combustible en brûlant, sans tenir compte de la chaleur latente absorbée par la vapeur d'eau.
Pour le fioul, ce P C I est de 11,89 kWh / kg
On obtient ainsi le rendement sur PCI, Ƞ PCI
Rendement sur PCI, Ƞ PCI
Exemple 1 : Chaudière basse température fioul
Obtenir un rendement de 92% avec 8% de pertes ne choque personne.
Calculons le rendement de la même façon, mais pour une chaudière à condensation, dans laquelle une partie de la vapeur d'eau va condenser.
Exemple 2 : Chaudière à condensation fioul
Obtenir un rendement de 103%, en constatant une puissance perdue de 1kW,
c'est complètement illogique, voire IMPOSSIBLE d'un point de vu scientifique.
Rendement sur P C S, Ƞ
PCS
En réalité, si on tient compte de la chaleur latente absorbée par la vapeur d'eau, l'énergie fournie par la flamme n'est pas de 11,89 kWh pour 1 kg de fioul brûlé, mais de 12,60 kWh.
Ce chiffre correspond au Pouvoir Calorifique Supérieur ( P C S ).
Le P C S du fioul est donc de 12,60 kWh / kg.
D'un point de vu scientifique, c'est ce chiffre qu'il aurait fallu prendre pour calculer la "vraie" puissance absorbée ( puissance de la flamme ), et ensuite calculer le "vrai" rendement,
le rendement sur PCS.
Exemple 1 : Chaudière basse température fioul
On s'aperçoit ainsi que la puissance utile récupérée est toujours de 92 kW.
Par contre, en plus des 8 kW perdus en chaleur sensible dans les fumées, il y a aussi 6 kW perdus en chaleur latente dans la vapeur d'eau.
La vraie puissance fournie par la flamme est de 106 kW, et non pas de 100 kW comme on aurait pu le croire en utilisant le P C I.
Le rendement de la chaudière basse température, qui avait été surévalué à 92% sur PCI, est en réalité seulement de 86,8 %.
Exemple 2 : Chaudière à condensation fioul
Pour la chaudière à condensation. on remarque qu'il y a moins de chaleur latente perdue dans la vapeur d'eau : 2 kW contre 6 kW pour une chaudière basse température qui n'est pas prévue pour condenser.
De plus, les fumées étant davantage refroidies par leur passage dans le condenseur, il y a également moins de chaleur sensible perdue.
Le "vrai" rendement sur P C S n'est pas de 103 %, mais seulement de 97,2 %, donc bien inférieur à 100%.
Ce résultat est enfin en adéquation avec la réalité scientifique.
CE QU'Il FAUT RETENIR
On ne change pas les vieilles habitudes. Les fabricants de chaudières continuent à parler de rendement PCI. Cela permet de comparer plus facilement leur rendement avec celui des anciennes chaudières.
Il n'y a pas pour autant "tromperie sur la marchandise". Qu'on exprime le rendement sur PCS ou sur PCI, dans nos exemples, il y a sensiblement le même gain en économies d'énergie.
Les techniciens continuent à utiliser le PCI pour calculer et régler la puissance de la flamme, ce qui n'engendre aucun problème.
Nous admettrons donc que le rendement peut être supérieur à 100%, et continuerons donc à calculer la puissance de la flamme en utilisant la formule :
Pa = q x PCI
à regarder impérativement avant d'aller plus loin, pour assimiler la 1ère partie du cours
La condensation est moins intéressante sur une chaudière fioul que sur une chaudière gaz.
Pour 100 kW de chaleur sensible, il n'y a que 6 kW de chaleur latente récupérable dans les fumées de combustion du fioul.
Pour 100 kW de chaleur sensible, on peut récupérer jusqu'à 11 kW de chaleur latente dans les fumées de combustion du gaz.
Le rendement sur PCI d’une chaudière à condensation fioul ne pourra être en théorie que de 106%, contre 111% pour le gaz.
Ainsi, le rendement sur PCI peut atteindre jusqu'à 109% sur une chaudière condensation gaz, contre 104% sur une chaudière condensation fioul.
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REMARQUE : On peut obtenir le rendement sur PCS à partir du rendement sur PCI, en appliquant :
- pour le fioul, η PCS = η PCI ÷ 1,06
donc η PCS = 96 ÷ 1,06 = 90,6 % pour la chaudière basse
température,
et η PCS = 104 ÷ 1,06 = 98,1
% pour la chaudière à condensation
- pour le gaz, η PCS = η PCI ÷ 1,11
donc η PCS = 96 ÷ 1,11 = 86,5 % pour la chaudière basse
température,
et η PCS = 109 ÷ 1,11 = 98,2
% pour la chaudière à condensation
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En plus de cela, le point de rosé de la combustion du fioul - température à partir de laquelle ses fumées de combustion se condensent - se situe aux alentours de 47°C.
L’ acide sulfurique contenue dans les mêmes fumées, provenant du souffre contenu dans le fioul, se condense déjà aux alentours de 120 °C.
Il est donc impossible de faire de la condensation avec une chaudière fioul sans la protéger contre la corrosion due à la présence d’acide sulfurique.
Cela nécessite l’utilisation d’acier inoxydable plus noble et plus couteux pour fabriquer la chaudière.
Il n'y a quasiment pas de souffre dans le gaz.
Son point de rosé se situe aux alentours de 57 °C. Sur une période de chauffe, la chaudière gaz parviendra à faire condenser ses fumées pendant une plus longue durée d’utilisation
( voir « Loi de Chauffe » ci-dessous ).
Courbe de chauffe
pour radiateurs haute température
( régime d'eau 80°C / 60°C )
Ci-dessus, la courbe de chauffe pour des radiateurs haute température
( régime d'eau 80°C / 60°C )
On constate que les fumées commencent à se condenser au-dessus d'une température extérieure de - 5 °C dans une chaudière gaz ( point A ).
Il y a condensation pendant 98% de la durée de fonctionnement annuelle de la chaudière.
Dans une chaudière fioul, il faut attendre que la température extérieure monte au-dessus
de + 5 °C pour que les fumées commencent à se condenser ( point B ).
Il y a condensation pendant seulement 65% de la durée de fonctionnement annuelle de la chaudière.
REMARQUE : Pour des installations neuves, il faut privilégier l'utilisation de planchers chauffants avec une chaudière à condensation. Avec ce type d'émetteurs, les fumées condenseront pendant l'intégralité de la période de chauffe, quelque soit le combustible utilisé.
Courbe de chauffe
pour planchers chauffants
( régime d'eau 45°C / 35°C )
En rénovation, lors de l'installation d'une chaudière à condensation fioul, il faudra prévoir l'abaissement des températures.
Cela peut se faire en conservant les radiateurs haute température si le remplacement de chaudière fait suite à l'isolation thermique du bâti.
Sinon, on pourra aussi remplacer ces radiateurs par des radiateurs basse température.
Les condensats sont de 0,14 L / h par kW pour le gaz et de 0,09 L / h par kW pour le fioul.
La condensation d’une chaudière gaz de 20 KW pourra fournir chaque heure 2,8 litres de condensats ( 0,14 x 20 ) contre seulement 1,8 litres pour une chaudière à condensation fioul de même puissance ( 0,09 x 20 ).
Du fait de la présence de souffre, les condensats sont très acides et peuvent donc provoquer une corrosion importante. Ils doivent passer par un bac de neutralisation avant d'être rejetés à l’égout ( selon réglementation locale ).
Pour une chaudière gaz à condensation, les condensats étant faiblement acides, aucune règlementation n’empêche à l’heure actuelle leur évacuation "directe" à l’égout ( sauf réglementation locale). Dilués par les eaux usées des ménages étant beaucoup plus basiques, ils perdent leur acidité.
Lorsque l'évacuation des condensats se déverse dans une fosse septique, il est plus que recommandé d'utiliser un neutralisateur de condensat.
Dans tous les cas, le raccordement au réseau d’évacuation doit s’effectuer en PVC, ou autres matériaux non corrosifs.
Source VIESSMANN
NEUTRALISATEURS DE CONDENSATS
La plupart des fabricants proposent en option une solution de traitement des condensats indépendante, à placer sous la chaudière ou pouvant être intégrée à celle-ci.
L’eau qui s’écoule de la chaudière à condensation traverse alors un réservoir contenant des billes qui vont faire remonter (neutraliser) le pH de l’eau, et le rétablir entre 6 et 8 avant son rejet à l’égout.
Chaque année, à l’aide d’un simple test pH avec bandelettes, il est possible de vérifier le pH en sortie du dispositif de neutralisation. Cela permet de déterminer s’il est nécessaire de remplacer ou pas les billes pour que le neutralisateur retrouve son efficacité.
Neutralisateur de condensats CONDENSAFE+
(SENTINEL)
Neutralisateur SANINEUTRAL
SFA
Recharge de billes
pour neutralisateur de condensats
La condensation démarrée dans la chaudière à condensation se poursuit dans le conduit d’évacuation des fumées. Celui-ci doit donc être fabriqué également en matériaux inoxydables
( métalliques ou synthétiques ).
En cas de rénovation de cheminée ancienne, Il est nécessaire de tuber la cheminée maçonnée, car l'humidité due à la condensation détériorerait les joints de maçonnerie et la cheminée ne resterait pas étanche très longtemps.
Le tubage consiste à glisser un nouveau conduit à l’intérieur de l’ancien. Si la cheminée existante est déjà tubée, il faudra vérifier que ce tubage soit également en matériaux inoxydables. Le tubage avec un conduit flexible aluminium est interdit dans le cas d'une chaudière à condensation .
(Source REXEL FRANCE )
Pour aller plus loin ...
Erratum: rendement maxi théorique de 106% sur PCI pour chaudière condensation fioul.
Rendement de 109% sur PCI possible uniquement sur chaudière condensation gaz